Le Moulinon – Saint-Sauveur-de-Montagut
Installation sonore permanente
Invitée à imaginer une œuvre permettant de sensibiliser le public à la transformation du paysage industriel, et tout particulièrement des moulinages avec le travail textile, l’artiste Élisabeth Ballet a créé une « chambre d’écoute » dans l’ancien arrêt de gare, au bord de l’Eyrieux le long de la Dolce Via. La parole des anciennes ouvrières s’y fait entendre…
La réalisation consiste en une installation sonore permanente à l’intérieur et à l’extérieur immédiat de l’ancien arrêt de la gare d’Issantouans situé en face de l’usine de moulinage Le Moulinon à Saint-Sauveur-de-Montagut en Ardèche ; c’est un poste d’observation élevé sur la vallée, une chambre d’écoute. L’arrêt de la ligne de chemin de fer faisait dos à l’usine et à la rivière ; il se situe aujourd’hui sur le trajet dit « de la voie douce », à l’ancien emplacement des rails. Interdite à la circulation sur certaines sections, c’est un endroit idéal pour marcher et découvrir la vallée, ses moulinages, exploitations agricoles et autres fabriques.
Le son des machines au travail a été enregistré dans différents sites de production en parallèle aux multiples entretiens menés avec les anciens ouvriers durant deux ans.
Le premier enregistrement, diffusé sur le toit en direction des bancs, est basé sur le montage ciselé de fragments d’entretiens avec des ouvriers de l’usine, avec les patrons, la famille Ducros qui possédait plusieurs moulinages, et avec Paul Fournand qui en avait repris la direction en 1983; quand elle ferma définitivement ses portes en 1999, il restait vingt-sept ouvriers. Le témoignage des protagonistes, récolté et comparé, a pour but de reconstituer l’ambiance dans les salles, avec les moulins ou les machines à fausse torsion, entre les ouvriers, le jour et la nuit, dans la rue et à la maison.
Le second montage, diffusé en stéréo dans la chambre d’écoute, restitue le vacarme des machines dans Le Moulinon, un ascenseur qui se déclenche, le bruit assourdissant de la turbine au démarrage entrecoupé par un parcours des salles aujourd’hui délaissées, où résonnent les pas du visiteur. Une radio lointaine dans une salle de pliage, des rumeurs et pétarades lors d’une manifestation en Mai 68 que le personnel évoque dans les entretiens.
« L’œuvre consiste à rendre justice au travail qui s’est accompli dans ces murs, à le décrire, le rendre visible dans notre présent. Nous avons oublié cette activité, jusqu’aux noms des gens. Le son des machines et celui des voix s’entremêlent afin de restituer l’atmosphère sonore qui emplissait l’usine, son organisation humaine et technique ; les machines au travail résonnent à nouveau face à l’usine dans le paysage. »
Pour en savoir + sur l’artiste
Une commande des élus et des habitants de l’ancienne Communauté de communes d’Eyrieux-aux-Serres et du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche dans le cadre du projet « Paysage industriel ». Avec le soutien financier du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche dans le cadre du programme européen LEADER (Fonds européen agricole pour le Développement rural), de la Fondation de France, de la Région Rhône-Alpes et de la Communauté de communes Privas Centre Ardèche.